Un Songe dans la Pierre est un recueil de poésie libérée paru aux éditions Constellations en décembre 2022
L'amour de Khalil Gibran
Un battement de paupière
et du lit les roses rouges
deviennent d'un absolu ébène
mais leurs pétales demeurent une occasion de douceur qui joue
jusqu'aux cendres
sur la peau
J'ai appris ce que le feu peut faire
mais seulement le rêve semblait encore comprendre
la flamme de l'Amour
Elle est sans explication et sans trêve
et au fond d'un lit de cendres
ouvert comme un puits
elle souffle un nouveau vertige de sa Lumière
J'aime contempler la nuit
ô solitaire
comme un poème divin qui n'aura jamais
livré ses secrets
même lorsque surgit l'intime symphonie
sève des roses promises couleur d'un sang-rubis
d'un baiser de lait au cœur des ténèbres
Sur les murs au plafond défilent
des océans dont les vagues mauves
viennent se fracasser doucement contre les cils
des fantômes de braises
nos peau à peau qui fourmillent
du bout des onyx de ma mémoire enchantée
au son des musiques latines
qui nous ont emportés gestes volubiles!
Je t'écris comme on pleure de la pointe des pieds
toute la sensualité au sel fin des nuits
complices, j'attends les mots comme un supplice
ils sont mortifiants quand les caresses et le choc fusionnel vivifiaient
mais doux comme du sable-forteresse qui coule entre les doigts
sur des plages désertes et infinies où je ne pense qu'à toi
et chaque imperfection de notre histoire
apparaît coquillage béni par la houle
les vagues des furies apaisantes d'amour
Où je t'emporterais comme un géant dans les dunes
de ma gratitude, léger comme une plume
de bonheurs collectionnés et leurs brisures
cristallines d'oubli dévastateur
je t'embrasserais
dans cette apesanteur au son sourd
des mémoires lentement dépouillées de trésors
qu'elles chérissent encore telles des œuvres abstraites
louanges perdues dans une mer de céleste lait brûlant
langues s'épanouissant en pavots de Saint-John Perse
opium de sang extasié par la lumière inédite de chaque contact
Là, je reprendrais mon souffle sous les flots
imbibée d'un calme souverain qui se conjugue à la hâte!
Le grain d'épice presque sonore de ta peau
en mes rêves, en leurs voiliers tactiles
poursuivent la trajectoire de ton érectile absence
qui m'est ode au désir et déliquescence
fondre dans l'eau du songe de ta voix rocheuse
me perd dans des pages peuples d'aigles aux ailes de soie
chaudes pensées vespérales sans syntaxe
qui dans une ambre de rhum exilée et familière tournoie
dans la suggestive île éthérée que j'ai créée de toi
aux abords de mes mains oublieuses et de mes yeux
ne voyant plus que par l'intérieur, temples simples
sous la voûte tourbillonnante de ton sommeil lointain
dont j'imagine le souffle pierreux lourd et enfantin
et les collines de tes bras, muscles désœuvrés dans l'alcôve blanche
d'une liberté étrangère aux heures dont tu ne te souviendras pas
je veux être une aérienne fleur entre ces bras qui me bouleversent
une mer qui t'agite de ses fantasmes masqués en parfums
de mots informe suavité de nocturnes rêves
mes ongles seraient de lumière pure pour te toucher
un spectre qui frôle le sang sacré de ta joue rose
et allonge l'insomnie de ma chair à travers le portail doux et rassurant
de ton grand poitrail calme aux rythmes de feu
Oui, un adorable Poméranien, qui m'a déjà inspiré trois poèmes. Il s'appelle Rhum, alias Loulou.
Marine Rose
Une rose glacée glisse sur Tes lèvres
J'aimerais l'attraper
avec mon cœur allongé
et dire l'impalpable de ses sonorités,
sa proximité souveraine et ignorée
Mes lèvres brûlent de rêves
devant Toi,
cierge d'éternité,
d'omniprésence cachée
Les cités s'engourdissent sous une mousse de larmes
par cent néants étouffées
mais Tu grandis, dans Ton mystère entier,
devant mes yeux qui supplient
Ton délire sain
Tu grandis et T'envoles
dans le lointain de moi-même,
dans la véracité profonde,
l'étrangeté
d'un présent expérimental
Laisse-moi irradier Ta rose
pour la libérer
Avec tout ce que je ne sais encore,
tout ce que je n'ai vécu
qu'en enthousiasme,
laisse-moi la délivrer de sa glace
par le feu d'un baiser sincère
J'ai demandé à la lune
de m'offrir un asile
j'ai frappé doucement
puis tambouriné à sa porte de nuit !
Mais personne ne m'a répondu
de manière aussi satisfaisante
que l'Ange du Silence
…
Personne, comme Lui,
n'a su rendre à mon âme
son diadème de feu blanc
transformant ses mélodies lunaires,
parfois très pâles,
en dames
Personne, comme Lui,
n'a su me vêtir
afin que je disparaisse
dans l'Immensité !
Nul autre que Lui
n'a su me parler
de manière aussi vaste…
Déchirant le miroir
de ma fausse identité !
Edward aux mains d'argent de Tim Burton.
Je m'identifie au personnage principal.
Marine Rose
